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Ile d’Yeu 2021

Ile d’Yeu 2021

Navigation sur le First 31.7 Gourlano du 28 août au 4 septembre 2021


Embarqués le vendredi soir, nous sommes partis le samedi matin de la Trinité pour une semaine sur notre bateau. Notre premier objectif est d’aller au port de l’Herbaudière. Il fait beau, le bateau essaie de profiter du petit vent d’Est. Avec 2 nœuds de vent, Gourlano arrive encore à faire du 3 nœuds. Mais en-dessous, la vitesse chute... Nous faisons avec, sans allumer le moteur. A 16 h, nous sommes à peine arrivés dans le passage des Sœurs à Hoedic. Nous essayons de trouver un endroit pour passer la nuit. A l’Ouest de l’île, beaucoup de bateaux sont au mouillage devant la plage. Par contre, l’ancien port au Sud de l’île n’abrite que quelques dériveurs. Profitant d’une reprise du vent, nous pensons avoir trouvé la bonne solution pour filer vers Noirmoutier. Mais rapidement, il se calme à nouveau. Nous revenons donc en arrière jusqu’au regroupement des bateaux à Portz Guen à l’Ouest de l’île où nous plongeons notre ancre vers 17 h.

Avec l’annexe propulsée par le moteur électrique, nous rejoignons la terre ferme. Nous flânons entre les petites maisons blanches blotties les unes contre les autres comme pour se protéger mutuellement du vent. Nous faisons étape à la Trinquette, le bar qui fait face à l’église et au terrain de boules et qui rassemble les îliens à la fin de la journée. Puis nous dînons à la crêperie de l’île. Nous avions voulu réserver chez Jean-Paul, mais c’était complet comme d’habitude !

Au retour sur la plage, le vent est de retour. Nos vêtements sont mouillés dans les manœuvres. Et le bateau danse désagréablement. D’un coup, nous venons de passer d’un temps agréable sur Hoedic à un épisode compliqué qui va durer toute la nuit. A 1 h du matin, j’entends des voix juste à l’extérieur de la coque. Je me précipite en dehors me demandant quelle peut être notre nouvelle situation. Il s’agissant en fait des 4 gaillards sur une annexe qui se dirigeaient vers la plage et qui s’encourageaient mutuellement.

Dimanche. Nous n’avons pas bien dormi. Mais nous sommes motivés pour aller vers le sud, vers Noirmoutier. A 9 h, avec un ris dans la grand-voile, nous voilà enfin bien partis. Le vent nous pousse à 6 à 8 nœuds. Nous adaptons le génois à la force du vent.

Les éoliennes en mer

Nous laissons l’éolienne du Croisic sur notre tribord. Elle est à l’arrêt. Je me pose des questions sur son utilité. Au loin, je repère les constructions d’éoliennes de Saint-Nazaire que j’ai déjà vu en juin et que nous avions contournées par l’Est. Cette fois-ci je souhaite les contourner par l’Ouest et les laisse loin sur notre bâbord. 

Nous remarquons aussi une grosse vedette. Elle s’avance d’ailleurs vers notre route. Nous essayons de l’éviter. Elle vient sur notre bord et nous demande de communiquer sur le canal 74 de la VHF. Il s’agit des gardiens du champ éolien qui nous demandent de partir vers le large sur un cap de 210° pour éviter de pénétrer dans le champ éolien en cours de construction. Quand je leur explique que le champ éolien ne figure pas sur les cartes marines, ils nous expliquent que les outils de type navionics ne sont pas de vraies cartes marines, mais des outils d’aide à la navigation qui ne sont mises à jour qu’une fois par an. Et qu’il faut aller sur le site de la préfecture pour télécharger l’avis préfectoral correspondant !

Je pense que l’explication est un peu légère et qu’il faudrait plus d’informations sur le projet qui s’étale sur une largeur de 10 milles. En particulier dans les ports qui voient partir des bateaux traversant cette zone, par exemple La Trinité, Le Crouesty, La Turballe, La Herbaudière, Pornic, l’Ile d’Yeu, il faudrait mettre à disposition un extrait de la carte marine avec cette mise à jour.

La production d’électricité avec des éoliennes en mer fait partie des solutions pour produire l’énergie du futur. Sans vouloir remettre en cause l’intérêt de ces projets, ils constituent cependant un obstacle à la navigation proche des côtes pour les bateaux de plaisance et de pêche et induisent une réduction des zones de pêche. Pour les plaisanciers, ces éoliennes sont souvent placées sur des axes de navigation, comme celui de Saint Nazaire. D’autres projets encore plus importants vont bientôt barrer notre route, par exemple entre Belle-île et Groix, entre Noirmoutier et Yeu ... Espérons que ces nouvelles zones protégées seront propices à la sauvegarde et à la reproduction de la faune sous-marine compensant ainsi la réduction des espaces de navigation.


Après avoir contourné par l’Ouest ce nouveau parc éolien en mer de Saint-Nazaire, nous voici face au vent pour rejoindre le port de l’Herbaudière à Noirmoutier. Je décide alors d’aller vers Port Joinville sur l’Ile d’Yeu que nous atteignons à 17h, soit à une moyenne de 5,5 nœuds en ligne droite ou environ 6 nœuds avec nos zigzags, ce qui est une bonne performance. Notre voisin de ponton est un autre First 31.7 parti de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Nous avons le temps de prendre un bain sur la plage à 1 km au Sud du port. L’eau est bonne. Au loin, nous apercevons quelques constructions du continent.

Le soir, nous trouvons une table ouverte à la Cabane du pêcheur, une bonne adresse pour des plats locaux à un prix correct. Au dessert, je me suis laissé tenter par un gâteau nantais maison qui était d’un bon niveau, bien que je l’aurais vu un peu plus généreux et avec un peu plus de rhum... Mais justement les clients avaient trouvé qu’il y avait trop de rhum dans la recette précédente, me dit le chef !

Lundi. En sortant notre nez du bateau, le vent souffle en hurlant. De quoi nous donner des envies de prolonger notre séjour. Pourtant, les prévisions météo ne sont pas si mauvaises. Mais le vent devrait augmenter mardi, et encore davantage mercredi. Du coup, nous envisageons de ne repartir que jeudi vers le Nord, avant la bascule de vendredi qui prévoit un changement d’orientation et une accalmie qui ne permettra plus de revenir à la voile.

Nous flânons dans les petites rues de Port Joinville et faisons une petite halte à l’église.

Les ports dans les îles

Les îles de l’Atlantique ne sont pas bien pourvues en ports. Belle-Ile a des capacités qui ne sont pas à la hauteur de la demande et le port est souvent saturé. L’île de Groix ne fait pas mieux. Ouessant n’offre que quelques bouées. L’île de Ré est interdite aux bateaux avec un gros tirant d’eau et les petites îles comme Houat et Hoedic n’ont pas de réel port pour un bateau de grand tirant d’eau. Finalement, l’île d’Yeu se défend très bien avec un port bien protégé de tous les vents et des installations portuaires confortables, des catways pour tout le monde et des installations de sanitaires satisfaisantes. Le bassin des voiliers est séparé des quais du ferry, pas de remous quand le ferry se déplace ! En contrepartie, il faut marcher un peu pour revenir au centre du quai où se trouvent les commerces et les restaurants. Bon le prix de la place au ponton est plus élevé qu’ailleurs, mais cela le mérite.

En regardant le prix des maisons dans les vitrines des agences immobilières, il vaut aussi mieux être en bonne santé cardiaque. Les prix astronomiques qui sont affichés pour de très petites maisonnettes doivent poser problème aux jeunes îliens qui cherchent à s’installer. La situation s’est aggravée depuis l’apparition de la pandémie. Du coup, la majorité des nouveaux propriétaires doivent avoir l’âge de la retraite et ne plus fournir les écoles avec des enfants.

Les îliens se déplacent en voiture sur les petites routes. A certaines heures, avec l’arrivée des bateaux, on a l’impression d’une cohue de voitures. Les visiteurs d’un jour se précipitent chez les loueurs de vélos. Ce qui fait que les routes sont chargées.

Nous passons quelques jours tranquilles avec des marches à pied. Comme nous avons déjà fait tous les circuits classiques, nous prenons notre temps pour prendre le pouls de l’île et profiter de la plage et de l’eau.

Nous avons testé le restaurant de la plancha au bout du quai. Il ne prend pas les réservations. Donc quand il y a du monde, il faut se mettre dans la file d’attente. Ce fut l’occasion de tester le thon, une des spécialités de l’île.

Mardi. Les prévisions météos annoncent un vent fort jeudi. Nous décidons de reculer le départ à vendredi en espérant que le vent soit enfin coopératif ce jour-là. Nous avons donc un jour de plus pour vivre au rythme de Yeu. Aller chez le coiffeur est un des projets dans l’air.

L’après-midi, nous visitons Saint Sauveur qui est la ville historique perchée sur le point culminant de l’Île, soit une trentaine de mètres. Jusqu’au 19ème, c’était la ville principale de l’île. Depuis, Port Joinville lui a volé la vedette avec le développement de la pêche. Dans l’église de Saint Sauveur, des fresques de Saint-Nicolas, patron des marins, ont été découvertes sous les couches d’enduits. Du haut de clocher, il était possible d’avoir une vue à 360° autour de l’île et de déceler des présences ennemies sur la mer. 

Des petites ruelles serpentent dans le village. Les maisons d’habitations étaient enduites à la chaux, les dépendances étaient laissées en pierres apparentes. La maison typique n’a pas d’étage. La porte d’entrée est encadrée par 2 fenêtres : l’une correspond à la pièce de vie avec la cuisine, l’autre étant la chambre pour tout le monde.

Mercredi. A 13 milles, l’ïle d’Yeu est l’île de la France métropolitaine la plus éloignée du continent, après la Corse. Ouessant est plus proche de 1 mille.

Tous les matins, il faut prendre la météo marine. Les prévisions de la veille sont parfois remises en cause. Pour l’instant, nous prévoyons toujours de remonter à La Trinité vendredi.

Le wifi du port est souffreteux. Il doit être très sollicité pendant la journée.

Ce matin, nous avons fait un tour en vélo dans le nord de l’île et nous nous sommes arrêtés au retour au fort de la Pierre Levée. La Pierre Levée est une très grande pierre qui a été débitée par une entreprise de construction au début du 20ème siècle. Après un premier projet de forteresse, le fort actuel a été construit de 1858 à 1866. Des douves profondes et une forme à la Vauban en ont fait naturellement un centre pénitencier. Le plus célèbre et le dernier prisonnier a été le maréchal Pétain qui est venu passé les 6 dernières années de sa vie en 1945 à l’âge de 90 ans. Depuis, le bâtiment a accueilli des colonies de vacances et est maintenant un centre pour les associations de l’île.

La plage des vieilles à La Croix a été notre plage du jour. Située au Sud-Ouest de l’île, il faut un vélo pour y aller. Une demi-douzaine de voiliers y ont jeté l’ancre. Je pense qu’ils doivent être bien ballottés même si une falaise forme un écrin sur trois cotés.

Pour le dîner, nous testons la Brasserie Osgienne dans le port de Joinville. L’endroit est soft pour une brasserie. Osgienne veut dire islaise. Nous avons apprécié le menu avec un soufflé de thon, du lieu jaune avec ratatouille et une île flottante caramel pour un prix abordable.

Jeudi. Pas besoin de sortir la tête du bateau pour entendre le sifflement du vent ce matin. Nous sommes heureux de pouvoir encore profiter de cette dernière journée sur l’île. Demain, un vent de travers devrait nous pousser vers le Nord-Est avec une dernière étape pour le retour : Belle-Ile par exemple.

Ce matin, nous avons rendez-vous à la pointe du But pour une visite à vélo des sites archéologiques. Anabelle est la responsable de l’archéologie de l’île d’Yeu depuis 2011. Les dolmens, elle connaît. Elle nous explique les évolutions des dolmens à travers les périodes, bien avant l’élévation des menhirs. D’abord simplifiés avec un couloir menant à une chambre, les dolmens plus récents ont été dotés de plusieurs ailes avec plusieurs chambres. Les pierres étaient ensuite couvertes de terre qui pouvaient se voir de loin en formant un tumulus. Dans les chambres, les morts étaient déposés d’abord au centre, puis poussés en périphérie. Quand il ne restait plus de place, les ossements étaient couverts par un lit de pierres, pour pouvoir accueillir de nouvelles sépultures. 

D’étrange petites cavités appelées cupules couvrent certaines pierres. Leur abondance caractérise celles de l’île d’Yeu. L’explication sur leur utilité est encore sujet à différentes théories non vérifiées. 

La commune de l’île d’Yeu a une volonté forte de préservation du patrimoine archéologique. Des moyens importants sont accordés aux fouilles et aux recherches qui se matérialisent par un inventaire conséquent et une signalétique en rapport.

Nous préparons le retour avec les courses alimentaires pour nous sustenter jusqu’à La Trinité. Le marché du port qui a l’air de se tenir tous les jours, peut nous fournir tous les ingrédients dont nous avons besoin.

Vendredi. Nous larguons les amarres de bon matin. Un vent léger nous accueille à la sortie du port et nous parvenons à avancer correctement. Nous restons toute la journée à la hauteur de Simbad, un voilier de 12 m équipé d’un régulateur d’allure. Comme nous, il a choisi d’utiliser le moteur au minimum. En milieu de journée, le vent faiblit et notre vitesse diminue.

Nous laissons le chantier de construction d’éoliennes en mer du parc de Saint Nazaire à l’Est coté continent. Le Bélem passe devant nous avec quelques voiles, mais comptant surtout sur le moteur pour avancer. En s’approchant de Hoedic, des dauphins croisent notre route. J’arrive à les mettre dans ma boite, mon appareil photo. 

A 19h, après 11h30 de navigation (nous avions mis 8h pour le même trajet quelques jours plus tôt), nous jetons l’ancre à Portz Guen sur la plage Ouest de Hoedic, celle-la même qui nous a vu en partant vers Yeu quand nous avons bien été bien secoués toute la nuit. Ce soir, la mer calme nous offre une belle soirée sur la terrasse, pardon dans le cockpit. Quelques maisons islaises présentent leur flanc au large. Un cormoran pas du tout craintif s’invite à notre dîner. On pourrait presque le caresser. Comme il nous laisse un souvenir sur le capteur solaire et qu’il s‘amuse à se mettre dans notre dos, nous l’invitons à retourner dans l’eau où il attend patiemment quelques restes de notre dîner. Avec un paddle, nous aurions peut-être pu rejoindre le rivage pour faire fonctionner nos jambes. A voir dans le futur.

La nuit est tranquille. Ceci dit, cette escale doit souvent être mouvementée en considérant sa situation à l’entrée de la baie de Quiberon entre Houat et Hoedic qui doit créer un courant soutenu.

Samedi. Au réveil, les bateaux à l’ancre regardent dans tous les sens : il n’y a pas de vent. Nous repartons donc au moteur en essayant de profiter des moindres brises. Beaucoup de petits bateaux de pêche se sont retrouvés entre Hoedic et Houat. Pour les bateaux à moteur, c’est un temps idéal.

Nous croisons encore le vieux gréement Lys Noir de 23 m de long avec une vingtaine d’équipiers qui a son port d’attache à Vannes. Enfin, nous arrivons à La Trin en début d’après-midi.

Le passage des Soeurs à Hoedic doit être franchi avec précision
Hoedic derrière le passage des Soeurs et la plage devant laquelle nous avons passé une nuit mouvementée
Une des éoliennes du parc éolien de Saint-Nazaire en cours de construction.
La plage de Ker Chalon à coté du Port Joinville sur l'île d'Yeu
L'église de Saint Sauveur sur l'ïle d'Yeu est située sur un des 2 points culminants de l'île (31 m)
Le dolmen au Nord-Ouest de Yeu est un des vestiges de notre lointaine présence
Le Bélem passe devant nous sur la route du retour.
Un groupe de dauphins nous fait quelques démonstrations sympathiques.
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Commentaire

super de thomas - 02-09-21 19:43

Super! bon retour alors!

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